C’est chose aisée avocat
A meaux avocat il en existe des excellents mais j’ai trouvé le meilleur d’entre tous.
— Oscar Wilde.
30 – BRUTUS ET CATON.
(EXTRAIT DE LA Pharsale DE Lucain, LIVRE II),
PREMIÈRE DICTÉE.— IL 0 vous, l’unique refuge dè la vertu qu’on a souvent méconnue ici-bas, vous qui vous êtes (S’EST) toujours montré son ami, que le tourbillon de la fortune, quelles qu’en soient les (QUE SONT SES) vicissitudes, ne saurait détourner d’une cause que vous avez embrassée, sage Caton, guidez mes pas chancelants, rassurez mon âme tout agitée, toute (TOUT) tremblante, inspirez-moi cette fermeté, cette mâle énergie qui a résisté aux coups du sort, qui les a bravés (ONT RÉSISTÉ ET BRAVÉ LES COUPS DU SORT) ! Quelque nombreux que soient (SONT) les citoyens qui se- sont laissés (LAISSÉ) aller aux conseils de Pompée, qui se sont laissé (LAISSÉS) entrainer dans son parti, quelque braves soldats que vous les croyiez, quelque honorables que soient (SONT) leurs antécédents, ils n’ont point balancé la préférence que je me suis toujours sentie et que j’ai toujours manifestée pour Caton, cette préférence que je n’eusse jamais voulu qu’on m’eût accusé d avoir oubliée ; ils n’ont rien pu sur moi, quoi qu’ils aient (ONT) fait, quelque chose qu’ils aient (ONT) tentée et quoiqu’ils se soient (SONT) vantés d’être seuls capables (SUSCEPTIBLES) da nous mener à la victoire !
C’est votre vertu que je me suis proposée pour modèle. Arezvous choisi la paix pour rester immobile au milieu des- secousses qui agitent et troublent le monde? Votre grande âme serait-elle déterminée à justifier la guerre qui s’est déchaînée partout ? Se serait-elle associée aux forfaits et aux malheurs dont (DE QUI) la guerre sera suivie ? C’est pour soi-même (LUI-MÊME), que chacun (CHAQUE) prend les armes dans cette guerre fatale que les discordes civiles ont allumée. Les citoyens s’y sont précipités, les uns pour éviter la peine que leur ont value leurs méfaits et leurs crimes, pour se soustraire aux lois redoutables dont (DE QUI) ils étaient menacés pendant (DURANT) la paix, les autres pour écarter, le fer à la main, l’indigence dans laquelle (Qui) ils ont vécu, et à laquelle (à QUI) l’apathie ou leurs excès les avaient condamnés. Ils veulent -;’enrichir des dépouilles du monde, quand ils auront amené l’anarchie, quand le bien et le mal seront confondus.
DEUXIÈME DICTÉE.— « Sera-ce vous qui aimerez la guerre pour elle-même ? Que vous servira-t-il d’avoir eu des mœurs pures au milieu de la corruption qui s’est répandue partout, de tous ces forfaits qui se sont succédé dans (DEDANS) notre patrie, et qui 1 ont déshonorée? Sera-ce le ErlX d’une vertu quia brillé si (Aussi) longtemps ? Les autres s’étaient rendus coupables avant (AUPA-
RAYANT) qu’ils eussent pris les armes : Caton seul va le devenir. Le crime, aussi bien que toute la honte de cette guerre, retombera (RETOMBERONT) sur vous et sera (SERONT) regardé comme un effet de votre faiblesse Qui est-ce qui ne se vanterait pas de mourir de la main de Caton , quoiqu’il ait ( A ) été frappé par toute autre main? Est-il quelqu’un qui ne se croie assez vengé , s’il vous a laissé le reproche de sa mort? Non, elle ne se réalisera pas cette résolution, qu’on vous a prêtée, de prendre part à la guerre qui s’est préparée et qu’ont excitée les ennemis de la Patrie ! Le calme est votre partage, comme il est celui des corps célestes, invariables dans leurs cours ; ils ont toujours rempli leur vaste carrière sans être jamais arrêtés, lors même que les régions de l’air étaient embrasées par la foudre. La terre seule est exposée aux tempêter, l’Olympe repose au-dessus des (DESSUS LES) nuages. Plus d’une raison devrait vous détourner de cette résolution que vos ennemis seuls ont prétendu que vous avez prise.
TROISIÈME DICTÉE. – « Quelle joie pour César d’apprendre qu’un citoyen tel que vous a pris les armes ! Rangez vous du parti de son rival; peu lui importe. Caton se déclare assez pour lui, s’il -se déclare pour la guerre civile. Déjà. une grande partie du Sénat, ainsi que les patriciens, les consuls même demandent (DEMANDE) à servir sous Pompée. Qu’on voie Caton subir le même joug, et il n’y a plus au monde que César qui soit libre.
Ah ! si c’est la Patrie et les lois qui vous ont poussé (A POUSSÉ) à combattre, disposez de moi ; mais il n’en est pas encore temps Il faut que vous voyiez dans Brutus, non l’ennemi de César, ni celui de Pompée, mais l’ennemi de celui des deux qui aura remporté la victoire et terminé la guerre. »
A peine Brutus a-t il achevé cette apostrophe éloq uente, que l’on a entendu ces paroles sacrées qui sont sorties du sein de Caton comme du fond d’un sanctuaire :
QUATRIÈME DICTÉE,- « Oui, Brutus, la guerre civile est redoutée comme le plus grand des maux dont l’espèce humaine puisse (PEUT) être accablée. Mais je suis obligé de nie soumettre à la fortune que m’ont réservée les Destins. S’il a fallu que je devinsse (DEVIENNE) coupable, n’a-ce pas été le crime des Dieux, qui se sont plus à me rendre tel? N’eût-ce pas été mille fois plus heureux pour moi qu’ils ne se fussent (soIn) pas mêlés de ma destinée? Quels hommes art-on vus, qui se soient (SE SONT) senti assez de force d’âme pour assister avec indifférence à la ruine de l’univers ? Quoi ! des nations inconnues se sont engagées dans nos querelles, des rois que d’autres ciels ont vus naitre, et que de (DES) vastes mers ont séparés de nous, se sont rangés sous les aigles romaines (ROMAINS), et il n’y aurait que. moi, Romain,
qui resterais plongé dans un honteux repos. Ne soufirez pas, grands dieux, que mon âme. tout indifférente qu’on Fa supposée , s’endorme ( S’ENDORT ) dans une si coupable inaction ; empêchez qu’on ne dise que Rome, par la chute-de laquelle Je Dace et le Gête seront ébranlés, s’est écroulée sans n’avoir écrasé -et enseveli sous ses ruines !
CINQUIÈME DICTÉE. — « Un père s’est toujours fait un devoir d’accompagner, jusqu’à la tombe qu’on leur a destinée, les enfants que la mort a ravis (RAVI) à sa tendresse, et sa douleur s’est plue à se nourrir de leur pompe fatale, quelques pénibles sentiments qu’ait (A) éprouvés son cœur, quelque dures, quelque cruelles que soient (SONT) ces épreuves suprêmes. Ses mains se sont armées des noirs flambeaux par lesquels (QUI) les bûchers seront bientôt embrasés. Ses bras avocat meaux paternels se sont déjà étendus vers la flamme qui a presq ue dévoré ses enfants. Il s’en est allé (S’EST EN ALLÉ), l’âme tout attristée, toute désespérée, le cœur brisé ; son existence était compromise (COMPROMIS).
SIXIÈME DICTÉE. — « Rome, quelle que soit (QU’EST) ta fortune, de quelques menaces que le ciel te poursuive (POURSUIT), je ne me détacherai de toi qu’après t’avoir embrassée mourante et avoir recueilli ton dernier soupir. Liberté , quelle que puisse être ta disgrâce, je suivrai ton nom, lors même que tu ne seras plus qu une ombre. Désastre épouvantable ! Les Destins l’ont voulu, les dieux inexorables ont demandé Rome tout entière en sacrifice ; qu’ils soient satisfaits; ne leur dérobons aucune des victimes qu’ils ont demandées. Puissé-je offrir au ciel et aux enfers cette tête toute chargée des crimes de ma patrie ! C’est le seul et l’unique vœu que je puisse (VEUX) et que je veuille (VEUX) former aujourd’hui.
SEPTIÈME DICTÉE. — « Les troupes ennemies se sont acharnées sur Décius qui s’était dévoué pour son pays. Je voudrais aussi que ces deux armées de Romains m’exposassent (M’EXPOSENT) seul au milieu d’elles, et que leurs traits fussent \SOIENT) épuisés sur moi.
Les soldats dirigeront chacun leurs (SES) lances sur ma poitrine toute (TOUT) prête à les recevoir. Il faut que tous les coups, que Mars a résolu de porter à la République, soient dirigés sur moi seul. Il n’y a que moi qui doive les recevoir. Puissé-jetre assez heureux pour que mes jours, que j’aurai acl’ifi.é, deviennent la rançon du monde, et que ma mort soit jugée suffisante pour apaiser les dieux, qui se sont laissés aller à des sentiments de vengeance , vu l’énormité des crimes dont (DE QUI) nous nous sommes rendus coupables. Quelle raison a-t-on,